un voyage en morceaux
Dans la rue les hommes qui marchent en portant un cadre vide devant eux interrogent l’homme qui, tout seul dans un coin, prend en photo quelques oiseaux derrière les grilles d’une école.
Eh, toi ! Que fais-tu avec ton appareil-photo ? Pourquoi prends-tu ces vieux murs d’école déserts en cette période de vacances ?
Je ne prends pas les murs en photo, mais ces oiseaux jamais vus chez moi… Je n’ai jamais vu un corbeau de cette taille, avec un regard si intense (le dernier corbeau que j’ai vu à Paris avait les yeux bien sombres). Et je ne connais pas ces autres oiseaux, qui ressemblent à des choucas, mais avec une rayure blanche ! Ils crient si curieusement, en gonflant leur cou, je n’ai jamais entendu de tels sons…
Les hommes au cadre vide se tournent alors vers le jardin de l’autre côté des grilles. Puis ils retournent à l’arrêt de bus, comme si l’homme n’avait rien dit, simplement convaincus de l’existence du cadre qu’ils tiennent entre leurs mains.