Suite du feuilleton
Pendant ce temps, la servante bigoudène lisait dans son rocking-chair, indifférente au bruit du monde. Des fois, nous l’entendions qui ânonnait : « Je me réjouis de ne pas être la seule jalouse…Oui, jalouse, je le suis, comme je l’ai été avec chaque homme que j’ai aimé…Je ne sais pas ne pas l’être lorsque je suis amoureuse. »
Un soir, elle reçut un appel dans la cabane. C’était sa vieille tante qui ne parvenait pas à éteindre le gaz. La fuite semblait si avancée que la bigoudène toussait déjà au téléphone. Elle se précipita et courut dans la campagne au milieu de la nuit.
Elle était partie si vite qu’elle avait oublié son livre.
Je ne m’en rendis pas compte tout de suite. Sinon, j’aurais couru après elle pour lui rendre, et rien de ce qui se passa par la suite ne serait arrivé.
A la nuit tombante, épuisé, je m’endormis dans le hamac, avec mes chats suspendus aux mailles.
Le nain prit son tabouret sans faire de bruit, et il allait pour monter l’escalier quand il aperçut ce livre posé sur la première marche, dissimulé par la rambarde, avec cette belle femme quadragénaire sur la couverture. Il ne la connaissait pas.
— Tiens, qui c’est cette jolie dame ? Valérie Trier…Trierweiler, lut-il. Elle est presque aussi belle que ma belle bigoudène. Et qu’est-ce que c’est que ce livre ? « Merci pour ce… ». Oh, pourquoi pas ?
Allongé dans son lit, il en lut les premières pages.
Soudain, un cri fendit la nuit.