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9 X II
Si je devais atteindre ma quarantième année, j’épouserais sans doute une vieille fille aux dents de devant proéminentes et que la lèvre supérieure laisserait ressortir un peu. Les incisives supérieures de mademoiselle Kaufmann, qui était à Paris et à Londres, se chevauchent comme des jambes que l’on croise rapidement les genoux pliés. Mais il est peu probable que je vive jusqu’à quarante ans, la tension qui s’installe souvent dans la moitié gauche de mon crâne, par exemple, est le signe du contraire, tension palpable comme une lèpre intérieure et qui, lorsque j’ignore les désagréments pour ne considérer que le phénomène, me fait la même impression que la vue d’une coupe transversale de la cervelle dans les livres scolaires, ou d’une dissection presque indolore sur un corps vivant où le scalpel, procurant un peu de fraîcheur, s’arrêtant souvent et revenant, parfois tranquillement posé, continue à disséquer prudemment des membranes fines comme des feuilles, tout près des parties du cerveau en activité.
Messages
1. Journal de Kafka (I,68) : Si je devais atteindre ma quarantième année, 28 décembre 2020, 11:42, par Breuning Liliane
Vous traduisez remarquablement bien : c’est clair, limpide, élégant.
Je crois que Kafka aurait aimé
(même si cela m’étonnerait qu’il ait pensé à être traduit, il avait déjà bien assez de mal avec ses textes)
Merci pour tout ce que vous faites pour lui.
Une "Kafkaîenne" reconnaissante
2. Journal de Kafka (I,68) : Si je devais atteindre ma quarantième année, 23 janvier 2021, 14:56, par kathleen.gyssels@uantwerpen.be
Merci de nous donner envie de lire plus et davantage. De relire le Kafka intégral et non censuré.
Je suis impressionnée par ce travail colossal et salutaire pour l’histoire des idées et l’histoire de la littérature.
Prof. Kathleen Gyssels
diasporas noires et juives
cultures de la Caraïbe et de l’océan Indien
Voir en ligne : GYSSELS KATHLEEN