C’est dans Media Junkie, "le débat des nouveaux médias"
Normal qu’un éditeur papier défende le livre papier, son gagne-pain, même si cet éditeur fait quelques expérimentations du côté d’internet, tout en maintenant bien la frontière : le format numérique, c’est gratuit, seul le texte sur papier mérite d’être vendu.
Ce que Léo Scheer et les éditeurs traditionnels en général ne mesurent pas, mais alors pas du tout, c’est qu’en dix ans le champ littéraire - conçu comme un réseau d’expérimentations formelles et de réflexions sur ce qu’est la littérature - s’est déplacé sur le net, et qu’ils en sont exclus - sauf à "rétropublier" de manière sporadique et inoffensive des oeuvres transmises par leur propre site - simple changement de procédure, mais en rien d’écriture.
Pour reprendre l’image de Foucault, on peut parier que l’éditeur s’effacera, comme à la limite de la littérature un visage de sable, et qu’il s’y effacera avec encore à l’esprit son livre papier idéal, "génial et irremplaçable" [1]. Et ce faute d’avoir reconnu internet comme l’espace où, quotidiennement, se déploient de nouvelles formes littéraires, lesquelles n’ont pas pour destin de finir en livres et en librairies, mais simplement d’être lues, et pour cela, oui, bien vu Léo, plus besoin d’abattre des arbres.
Merci à Serge Velay pour la photo
[1] Voir à ce sujet ce billet de La feuille : "...l’éditeur est en train de disparaître, quoi qu’on en dise"
Messages
1. Pour Léo Scheer, le livre est "génial et irremplaçable" - et l’éditeur ?, 30 juin 2010, 11:48, par Rodolphe
Il n’y a d’opposition qu’idéologique entre l’internet et le livre. En réalité ces supports se complètent en proposant des manières différentes de rendre visible ce qui s’écrit.
En quoi l’écriture internet serait-elle d’une plus grande qualité que l’écriture papier ? Si l’une est régulée selon des critères trop fortement économiques, l’autre laisse si souvent apparaître le meilleur comme le pire. Le support ne garantit rien par lui-même.
En outre, on parle trop souvent de l’écriture internet sans analyser l’impact du support sur la manière de lire... A terme, le support induira des formes littéraires particulières qui, on le devine, privilégieront des formats permettant de zapper...
1. Pour Léo Scheer, le livre est "génial et irremplaçable" - et l’éditeur ?, 30 juin 2010, 15:19, par Laurent Margantin
"En quoi l’écriture internet serait-elle d’une plus grande qualité que l’écriture papier ?"
Eh bien mon ami je t’invite à aller comparer le niveau des 300 textes contemporains mis ces deux dernières années en ligne sur Publie.net et celui des textes de l’écurie Gallimard, sur papier donc. Y a pas photo comme on dit.
2. Pour Léo Scheer, le livre est "génial et irremplaçable" - et l’éditeur ?, 30 juin 2010, 21:19, par Rodolphe
Ce qui montre bien que l’éditeur (c’est justement le bon côté de l’éditeur), par ses relectures, sa critique constructive (comme on dit), loin de disparaitre, se déplace, du livre à internet, d’internet au livre...
Et puis, par ailleurs, il suffit de consulter tous ces blogs auto-publiés où chacun y va de son bavardage et de ses commentaires, pas toujours littéraires... Ils nous servent, j’insiste, le meilleur comme le pire...
3. Pour Léo Scheer, le livre est "génial et irremplaçable" - et l’éditeur ?, 1er juillet 2010, 03:50, par Laurent Margantin
Moi je retiens ça surtout du web, parmi de nombreux exemples quotidiens (ça c’est pour aujourd’hui) : http://www.arnaudmaisetti.net/spip/spip.php?article372&var_mode=calcul
C’est vrai que le pire, on trouve toujours partout, le réel étant essentiellement composé de poubelles.