Gary Snyder

lundi 4 mars 2024, par LM

Je lis Gary Snyder depuis longtemps, depuis ma découverte des poèmes de Montagnes et rivières sans fin. Je me suis replongé dans son oeuvre il y a deux ans, quand a paru une édition complète de ses poèmes chez Library of America. Depuis ont paru ou reparu plusieurs de ses livres de poèmes en français : Riprap, Poème pour les oiseaux, L’arrière-pays. Il faut signaler aussi les importants essais que sont La Pratique sauvage et Le Sens des lieux.

Auxeméry a bien voulu traduire quelques poèmes extraits de l’édition américaine, qu’il en soit remercié. En voici un.


MANZANITA [1]

Avant l’aube les coyotes
tissent chants de médecine
pièges à rêve ― paniers à esprits ―
musique de voie lactée
ils en concoctent de jeunes filles
à rendre femmes ;
ou la danse en tourbillon des
garçons à rayures ―

Au coucher de lune les pins sont d’or violet
Juste avant le lever du soleil.

Le chien cavale vers le sous-bois
Revient en haletant,
Un géant sur ces petites fleurs sèches.

Le pic
Tambourine en échos
Sur la prairie en paix

Un homme tire, lâche une flèche
Qui vrombit, s’affale,
Manque une souche grise, et fend
Une branche sinueuse rouge lisse de manzanita.

Manzanita fruits aux bouts des rameaux,
Grappes de baies vertes et dures
Plus on regarde
Plus ils paraissent gros,

« petites pommes »


[1Manzanita : arbuste à feuillage persistant, à rameaux rouges, à fruits semblables à de petites pommes, sur la côte ouest de l’Amérique du Nord. (Note du traducteur